Rogier van der Weyden est mort à Bruxelles le 18 juin 1464, il y a 549 ans aujourd’hui. Le musée du Prado conserve quelques-unes de ses plus belles œuvres et notamment, La Descente de Croix peinte vers 1435.
Commandé par la confrérie des arbalétriers, le tableau suscita une grande admiration dès son installation dans la chapelle de cette confrérie à Notre-Dame-Hors-Les Murs de Louvain (Belgique). Il représente la descente du corps du Christ de la Croix par Jacques d’Arimathie et Nicodème. Les figures de saint Jean, à l’extrême gauche et de Marie-Madeleine à droite encadrent le drame central. La Vierge en bleue s’est évanouie de douleur et son corps forme un arc identique à celui de son fils, comme pour mieux souligner sa communion à la souffrance du Christ. Cette Vierge en pamoison est une nouveauté iconographique introduite par Van der Weyden pour accentuer l’aspect dramatique de la scène. Ce peintre ajoute en effet au volume sculptural de Campin et au sens de l’espace et à la minutie de Van Eyck, ses prédécesseurs, un dramatisme puissant qui dote sa peinture d’une vibration émotionnelle inédite. Le peintre pose également un regard très détaillé sur les expressions de douleur des autres personnages qui vont des pleurs à la retenue, en passant par l’abattement. Chacun des visages présente des traits si individualisés que l’on a pensé qu’il pouvait s’agir de portrait de membres de la confrérie qui a commandé le tableau.
Le geste de la femme qui cache son visage dans son voile pour pleurer est également une trouvaille iconographique de Rogier Van der Weyden qui connaitra beaucoup de succès et sera reprise par de nombreux peintres. Le détail des larmes qui s’écoulent du coin de l’œil de cette femme affligée est d’une virtuosité telle que je n’ai pas résisté à l’envie de le partager avec vous. Il permet de souligner la minutie avec laquelle Rogier Van der Weyden, à la suite de Van Eyck, soigne le moindre détail de ses œuvres.
Enfin, il faut souligner la grande maitrise de l’espace et du trompe l’œil dont fait preuve Van der Weyden. Il existait à la Renaissance un débat animé entre sculpteurs et peintres afin de déterminer lequel de leur art, peinture ou de la sculpture, était mieux à même de traduire fidèlement la réalité. Afin de se mesurer à la sculpture et de démontrer la supériorité de son art, Van der Weyden recrée ici en un trompe l’œil saisissant un caisson doré en guise d’arrière plan de son œuvre, imitant ainsi les retables de sculpture qui décorent alors les autels. Pour parfaire cet aspect illusionniste, le bras du jeune homme au sommet de l’échelle semble être pris entre la croix et le cadre fictifs et l’un des clous qu’il tient dans la main semble sortir du cadre.