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femmes en bikini

Mosaïque « des femmes en bikini » de la Villa du Casale, Sicile, IIIe siècle après J-C

L’Antiquité est une époque fascinante, dont la « modernité » ne cessera jamais de m’étonner. Nous avons tendance à considérer que l’hygiène corporelle, la pratique d’une activité physique régulière ou le bikini sont des découvertes récentes qui distingue l’homme ou la femme « moderne » que nous sommes, des générations qui nous ont précédés. C’est pourtant totalement faux. Au IIIe siècle déjà, les épouses des citoyens de l’Empire romain se rendaient aux thermes avec leurs amies où elles pratiquaient différents sports et portaient des maillots de bain deux pièces qui n’ont rien à envier aux nôtres. Les magnifiques mosaïques de la Villa du Casale, une ancienne villa romaine située au sud de la Sicile, en sont un précieux et émouvant témoignage.

La villa du Casale fut construite pour un haut dignitaire de l’Empire à la fin du IIIe siècle après J-C. Elle comptait plus d’une trentaine de pièces, décorées de plus de 3.500 m2 de mosaïques. Occupée jusqu’au XIIe siècle, elle fut dévastée par un immense incendie puis ensevelie sous un glissement de terrain. A toute chose malheur est bon, puisque cet enchainement de catastrophes et cet enfouissement l’ont protégée des pillages et ont permis la conservation d’une grande partie de son décor. La villa n’a été redécouverte qu’en 1929 et les fouilles menées depuis lors ont permis de remettre au jour un ensemble exceptionnel de mosaïques qui constituent un témoignage artistique et historique inestimable. Ces mosaïques nous racontent la vie quotidienne des riches habitants de l’Empire Romain : scènes de chasse, de pêche, courses de chars… Cependant, la série de mosaïques la plus originale et la plus célèbre est sans aucun doute celle dite « des femmes en bikini » qui représente des jeunes femmes en maillot de bain pratiquant différents sports : haltères, jeux de balle, course à pied, lancer de disque.

Jeux de balle

Les jeunes femmes sont représentées en action, comme saisies sur le vif. Leurs mouvements sont traduits avec justesse et réalisme. Les poses sont variées, tout comme les physionomies. Les visages ne sont ni stéréotypés, ni idéalisés mais ressemblent à des portraits. Chaque jeune femme est différente. Certaines ont les cheveux lâchés sur les épaules, d’autres arborent un chignon. Certaines sont brunes, d’autres blondes. Leur seul point commun est un corps musclé et modelé par des exercices physiques répétés élégamment mis en valeur par des bikinis verts et rouges qui se détachent sur le fond clair de la mosaïque. Leurs visages expriment une grande concentration. Il ne s’agit pas de simples jeux mais de véritables exercices sportifs qui exigent endurance et compétition. Une des jeunes filles est d’ailleurs couronnée et tient dans ses mains la palme de la victoire, équivalent antique de nos coupes et médailles.

Femmes aux haltères

L’équilibre et la joie de vivre qui se dégagent de cette mosaïque du IIIe siècle en font un véritable éloge du sport et de ses bienfaits. Nées, il y a 1800 ans, ces femmes coquettes, libres et sportives semblent si proches de nous ! Époustouflant, non?